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Lorsqu’à la Commission Paritaire, le projet de créditation de la vie associative, porté par Nouvelle Donne, nous a été soumis, nos 3 élus se sont prononcés contre. Allons plus loin: nos élus refuseront l’an prochain les crédits qui leurs seront offerts pour leur présence dans les Conseils.

La polémique fait rage, aussi nous parait-il temps de revenir sur ce débat. Sur le projet en lui-même, d’abord. Concrètement, les associations reconnues en début d’année devront déposer un dossier, avec le nom des membres actifs proposés (obligatoirement des membres “statutaires” du bureau, c’est à dire les présidents, vice présidents, secrétaires et trésoriers) pour les crédits, mais aussi des “objectifs”. Une Commission validera ces objectifs « ou demandera des corrections », puis en fin d’année, verra s’ils ont bien été atteints. En ce qui concerne les élus syndicaux, il faudra qu’ils soient présents à au moins 80% des conseils pour avoir les crédits.

Passons sur les accusations d’électoralisme qui n’intéressent personne: c’est sur le fond que nous trouvons cette reforme inutile, mal ficelée, voire néfaste.

Inutile, parce que la “rétribution” est de 2 crédits ECTS… c’est a dire insuffisante pour rattraper un cours que l’on n’aurait pas validé. Inutile, aussi, parce qu’elle ajoute des contraintes bureaucratiques lourdes sur les associations sans leur offrir plus de moyens, ce dont elles ont pourtant grand besoin (possibilités d’affichage plus importantes, portail internet commun, outils de coordination pour éviter les chevauchements entre plusieurs événements associatifs, local disposant de casiers, réservation de salles facilitées, extension des crénaux banalisés). En ce sens, il y a fort a parier que cette réforme sera un échec cuisant par rapport à l’un des buts qu’elle s’était fixée, à savoir inciter les étudiants à s’engager. D’autres problèmes structurels de la vie associative a Sciences Po – comme les doublons entre plusieurs associations (néfastes a leur dynamisme), la difficile articulation entre projets co, associations permanents et associations reconnue, ou encore la nécessité d’offrir d’avantage de formations comptables ou juridiques aux associations permanentes, afin que celles ci améliorent leur gestion et gagnent ainsi en autonomie vis à vis de la direction – sont ignorés par la réforme.

Cette réforme est en outre mal ficelée, parce qu’elle met en œuvre de nombreuses inégalités. Inégalité entre les membres “statutaires” et les militants actifs (pourtant très dynamiques dans certaines associations). Inégalité entre les étudiants qui s’engagent dans des associations reconnues a Sciences Po, et ceux qui s’engagent a l’extérieur, également.

En outre, nous jugeons cette reforme potentiellement néfaste parce qu’elle donne a l’administration un droit de regard sur la vie associative. Comment trouver des critères objectifs pour valider ou ne pas valider un engagement associatif? Les “objectifs” fixés en début d’année (à la définition desquels la direction se trouve d’ailleurs en position de participer via la Commission de Validation) peuvent paraitre faciles à identifier pour certaines associations: nombre de conférences organisées, de publications, etc. Pour d’autres, comme les associations d’aide aux devoirs a domicile, les associations religieuses ou autres, que choisir comme critère? Le nombre de gâteaux vendus en péniche? Comment quantifier et comparer des engagements forcément très différents? La marge d’appréciation laissée à la discrétion de la direction sera énorme, ce que nous refusons, car nous croyons fermement en l’autonomie de la sphère associative.

Pour finir, c’est aussi et surtout sur le terrain des principes que se fonde notre opposition a cette réforme. L’engagement personnel n’a pas à être rétribué. On s’engage pour défendre une cause, et ce geste est par nature désintéressé, gratuit. Le fait même se s’engager sans recevoir aucune contrepartie, c’est à dire de s’engager bénévolement, fait partie de la formation que procure le milieu associatif: savoir choisir entre une activité intéressée et une activité qui ne l’est pas, savoir partager son emploi du temps en fonction de cela, et parvenir à faire vivre harmonieusement ces deux activités

Cet engagement est valorisé de façon naturelle, pour les compétences et les savoir-faire qu’il nous apporte, toujours un point positif sur un CV: un jour ou l’autre l’expérience extrascolaire fera la différence, mais on ne s’engage pas pour valider une année!

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