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Dans un récent article de la Tribune, Richard Descoings revient, entre autres, sur le financement de l’IEP. Comme les élus et l’équipe de l’UNEF Sciences Po s’en alarment régulièrement, le budget de celui-ci connait depuis quelques années une inquiétante mutation.

Le journal nous affirme qu’en 20 ans, la dotation de l’Etat est passée de 80% à 49% du budget de l’IEP. Ces chiffres sont heureusement biaisés: il ne faut pas oublier d’ajouter au budget le salaire des enseignants, payés directement par l’Etat, et qui ne figure donc pas dans le budget présenté par la FNSP. Au final, l’Etat représente encore 58% du financement de Sciences Po, mais au delà des jeux de chiffres et de mots, le danger demeure.

Notre directeur l’affirme clairement: « Je ne veux pas que l’Etat reste majoritaire ».  Les conséquence de ce choix idéologique, tous les étudiants les ressentent: si l’argent ne vient pas de l’Etat, il doit venir des ressources propres de l’IEP, et en particulier des poches des étudiants, d’où l’augmentation des frais d’inscription, qui a fait passer la contribution financière des étudiants à 22% du budget actuel de l’IEP.

Il s’agit là d’un danger réel pour Sciences Po.  Seul un modèle de financement majoritaire par l’Etat peut garantir que Sciences Po remplit sa mission de service public de l’enseignement supérieur, assurer une réelle égalité entre étudiants (contrairement au financement par les frais de scolarité, même soi-disant « progressifs »), garantir l’indépendance des contenus pédagogiques.

Les premier signes de dérives liés au financement par les entreprises apparaissent: les entreprises créant des chaires cherchent à décider de leur contenu, comme le prouve l’exemple de la chaire Turquie, financée par BNP Paribas. Cette dernière a expressément interdit que la question du génocide arménien ou la question kurde y soient abordées,  afin de ne pas froisser les autorités d’Ankara (cela aurait été contraires aux intérêts économiques de la BNP…).

Le refus idéologique de faire appel à l’Etat entraine les finances de notre IEP dans une dangereuse fuite en avant. Plus on poursuit cette logique, plus il faudra- comme le projet Sciences Po 2013 nous l’a malheureusement confirmé- augmenter les frais d’inscription pour maintenir l’équilibre budgétaire. Plus on poursuit cette logique, plus on isole Sciences Po du modèle d’enseignement supérieur francais, et plus on éloigne nos diplômes d’une reconnaissance nationale. Ce chemin qu’emprunte l’IEP, c’est celui d’une école coupée du modèle du service public d’enseignement, a l’entrée de laquelle la sélection sociale joue à plein, et au sein de laquelle cette même sélection s’oppose à toute démocratisation.

ressources_propres_96-081ressources_publiques_96-081Graphiques issus du blog Sciences Po en chiffres et en images

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