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La polémique sur l’objectif fixé par le gouvernement d’atteindre 30% de boursiers dans les grandes écoles a occupé le devant la scène médiatique ces derniers jours. Le refus de la Conférence des Grandes Ecoles d’atteindre cet objectif est pour l’UNEF parfaitement scandaleux. Prétendre que tout autre politique que celle consistant à aider individuellement les étudiants « mènerait inévitablement à la baisse du niveau moyen » s’apparente à un fétichisme du concours unique et sous-entend que les étudiants issus de milieux favorisés ont le monopole du travail, de l’intelligence et de la motivation. Ce faisant, les grandes écoles se défaussent de leurs responsabilités et estiment que tous les efforts doivent être fournis par le système scolaire en amont des barrières sélectives. Il s’agit d’une réaction d’auto-défense d’une élite sociale qui refuse de s’ouvrir et qui ne peut que fragiliser l’avenir même de ces écoles à terme.

Cette mesure, si elle va dans le bon sens, reste insuffisante et inadaptée pour démocratiser les grandes écoles et de manière plus générale, l’enseignement supérieur. L’UNEF rappelle que les classes préparatoires comptent aujourd’hui 30% de boursiers uniquement suite au relèvement des plafonds de ressources ouvrant droit à une bourse, et non suite à une modification de la composition sociologique de ces filières. Que Sciences Po et les grandes écoles atteignent ce niveau serait donc la moindre des choses. C’est un premier pas positif quand on sait que les étudiants issus des CSP- y sont systématiquement sous-représentés.

A Sciences Po, cela fait des années que l’UNEF se bat pour une transformation des procédures d’admission, avec une première réforme du concours votée en octobre dernier, permettant de le réduire les biais sociaux qu’il induit. La diversification des épreuves selon la filière, l’organisation de sessions en province, le rapprochement du programme d’histoire avec le programme du bac, sont autant de mesures qui rendent le concours moins socialement discriminant. Une telle réforme serait souhaitable dans les autres établissements du même type, afin de commencer un processus de démocratisation. L’UNEF réclame de plus une lutte contre la sélection par l’argent et la baisse des droits de scolarité pouvant s’élever jusqu’à plusieurs milliers d’euros.

Pour autant, toutes les mesures visant à démocratiser les grandes écoles ne seront jamais suffisantes tant que celles-ci ne seront pas pleinement intégrées au service public d’enseignement supérieur. La partition historique de l’enseignement supérieur français entre grandes écoles sélectives qui fonctionnent en vase clos et les universités est en elle-même un facteur de reproduction sociale. Cette situation conduit les élites à se reproduire entre elles à l’écart de l’université et de la recherche. L’UNEF demande la fin du monopole de fait des grandes écoles pour la formation d’excellence dans certains secteurs (gestion, administration, ingénierie) et l’intégration de ces formations au sein des universités.

Il est urgent et impératif, au nom de la justice sociale et de l’égalité entre les étudiants, de changer radicalement le système d’enseignement supérieur. L’Etat doit élever le niveau de financement des universités et leur taux d’encadrement à hauteur de ce qui se fait dans les grandes écoles, afin qu’une formation de qualité soit délivrée à tous, partout sur le territoire, et sans barrière sélective à l’entrée.

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